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This is not a love song 

29.11.2025 __ 11.01.2026

Ancre 1

Pour son premier solo-show à la galerie Romero Paprocki, James Rielly revient à Paris après une longue absence et une série de nouvelles peintures. Il y développe son univers peuplé de figures fantomatiques, de silhouettes dansantes, mouvantes, méditantes, de visages ou d’objets dotés de regards interrogateurs… sans pour autant mettre en avant un quelconque art du portrait…. Car même lorsque ses cadrages se révèlent serrés autour d’une tête, que son fond plutôt monochrome, brossé d’une main énergique, enjoint notre regard vers « l’action » principale, James Rielly précise qu’il ne réalise pas de portraits. Il se reconnaît davantage comme un « faiseur d’images », dont les inspirations proviennent en partie de magazines ou de livres médicaux chinés chez des bouquinistes et collectionnés durant une vingtaine d’années. Sans dicter de lectures précises à son œuvre, l’artistes gallois rappelle que vivre à Belfast dans les années 1980 rendait témoin de violentes luttes politiques et religieuses, reproduites en nombre dans la presse. Il séjournera également non loin du mur de Berlin, là-encore spectateur d’accidents mortels advenus à ceux qui tentaient de se rendre à l’Ouest. Puis traversera une période qu‘on pourrait qualifier de voyage, d’introspection ou d’errance, en passant par l’Inde, avant de revenir vivre en Europe. A Paris, il fut chef d’atelier aux Beaux-Arts de 2005 à 2024. Au-delà de simples faits autobiographiques, retracer ce parcours permet d’appréhender son observation incarnée, sensible, voire humaniste de notre société. Quand les tableaux montrent parfaitement leur connaissance des classiques de l’histoire de l’art, tels Fra Angelico, Giotto, Francisco de Goya, Diego Vélasquez… ou plus encore, décrypte l’artiste, des peintures anonymes d’églises médiévales. Il dira aussi ses affinités intellectuelles avec Francis Bacon, William Blake ou Stanley Spencer, qui travailla des scènes inspirées de la Première Guerre mondiale ou des chaos semi-bibliques, semi-satiriques. Plus spécifiquement pour cette exposition, James Rielly dévoile son intérêt pour Le Septième Sceau, d’Ingmar Bergman, rencontre d’un chevalier de retour des croisades avec la mort…, Les Harmonies Werckmeister, de Béla Tarr, soit la perte d’identité d’une petite ville hongroise…, ou le poète Dylan Thomas, notamment quand il écrivait sur la mort de son père… Celui qui a nourri une génération entière de peintres, se plaisait d’ailleurs à leur parler de bien d’autres formes de culture que de peinture. Observateur incessant et réaliste du monde, bourlingueur, valdingueur, James Rielly se positionne dans cette approche subtile entre le récit et la rêverie. Il pourrait d’ailleurs évoquer un Malcolm Lowry mêlant, dans Au-dessus du Volcan ou son roman de jeunesse Ultramarine, totalement fiction et expérience personnelle. De ses premières représentations, où il travaillait un gesso brut sur la toile, qui rappelait l’usage de la fresque, en passant par la fluidité de l’aquarelle ou une fine huile sur lin, ces « non-portraits » nous dévisagent. Ils regardent et résonnent à l’intérieur de nous-mêmes. Ils se révèlent joueurs, avec une absurdité parfois burlesque, reflétant l’état tragi-comique du monde comme il est d’usage de le dire. Les tonalités lumineuses et dynamiques, les coups de brosses actifs, les drôleries de certaines situations, les signes cachés, les monstres se transformant en pitres susurrent que le jugement dernier n’est pas pour demain. Les guerres sont là, le capitalisme menace, tout chavire… This Is Not A love Song scandait le groupe punk Public Image Limited dès 1984. Mais, pour autant, la joie demeure… Marie Maertens

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