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Vis-à-vis

Jan Melka & Paul Rousteau

4 April 2024 _ 11 May 2024

Ancre 1

© Allison Borgo

On appelle 'field recording' cette pratique d'enregistrement sonore qui vise à capter quantité desons d'un environnement afin d'en conserver une trace phonique. L'exposition Vis-à-visse veut larencontre de deux approches artistiques intimement liées par leur fascination commune pour lanature. À l'instar des 'field recorders', Jan Melka et Paul Rousteau, parcourent les sentiers enquête de cet état médian où la réalité se tord et s'efface pour laisser place à l'empreinteémotionnelle. Les œuvres de Jan Melka prônent la liberté gestuelle. Dans un ballet de superpositions et defigures répétitives, elle libère des corps abstraits de ses tracés primitifs. Sa série intitulée Détachement, inspirée des formes végétales rencontrées lors de ses pérégrinations au Mexique, explore les entrelacs et les courbes des troncs, des lianes, des écorces, les transmutant en amasde corps enchevêtrés. Mais loin de se limiter à une représentation figée, l'artiste transcende lesujet et tend vers l'abstraction. À travers un travail de griffures, d'accumulation et de cisaillement,elle déconstruit la forme humaine pour mieux la délivrer de ses entraves. Jan Melka cherche laprofondeur. Elle semble creuser la surface de la toile de son trait noir pour en faire jaillir la lumière. C'est une puissance brute qu'elle insuffle à ses œuvres, où chaque ligne semble se débattre dansl'espace saturé de la toile, cherchant à libérer toute la physicalité du geste de l'artiste. Face aux œuvres de Paul Rousteau, demeure également le sentiment d'être aspiré par l'image. Mais tandis que l'on plongeait dans la profondeur du noir chez Jan Melka, on retrouve chez Paul Rousteau une explosion de couleurs. L'artiste explore les frontières de la photographie par sesinterventions directement sur l'image imprimée. Mêlant dans sa démarche image numérique etgeste pictural, il propose une vision hallucinée de la nature alentour. Sa série, fruit de trois annéesd'exploration autour de chez lui dans l'Oise, témoigne d'une nouvelle étape dans sa pratique. Enutilisant des techniques mixtes telles que le pastel et l'huile, il altère les paysages photographiquespour créer des compositions aux couleurs vibrantes. Son travail se distingue par des interventionsbrutes, laissant transparaître l'ambiguïté entre photo et peinture, et des interventions plusélaborées inspirées de représentations du nu féminin. À travers ses œuvres, c'est un état d'extaseque recherche Paul Rousteau, une rêverie, où le visible cède la place à l'exploration du sensible. Les œuvres présentées dans l'exposition oscillent entre la grandeur des panoramas et l'intimitédes esquisses. Alors que les grands formats de Jan Melka et Paul Rousteau se comportentcomme des portails vers un univers parallèle propice à l'exploration de nos imaginaires, leurspetits formats, plus confidentiels, nous dévoilent le processus créatif à l'œuvre. Ces derniersagissent comme un laboratoire d'observation et célèbrent le geste spontané, l'inspiration déployée. Ainsi, l'expositionVis-à-Visest une histoire de rencontre. Celle de deux regards face à une naturedont ils tentent de capturer l'essence même. Celle de deux artistes dont la réunion des œuvres sefond en une poésie visuelle et polyphonique. Lena Peyard

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